Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/114

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les chargent ; elle ne peut s’empêcher d’avertir Erec : « Ne t’ai-je pas ordonné de te taire ? » lui dit-il impérieusement ; puis il combat les brigands, les tue, confie leurs coursiers, attachés ensemble, à la garde d’Enide et lui ordonne, en même temps qu’elle poussera les chevaux devant elle, de poursuivre sa route devant lui. On va toujours, en silence. La même aventure se répète, seulement avec accroissement de danger, de crainte chez Enide, de colère chez Erec et de vaillant effort pour le vainqueur. Enide ose à peine avouer son effroyable fatigue après ce long voyage sans repos ni réconfort : combien plus terrible encore doit être l’épuisement d’Erec, qui a sans trêve à soutenir des luttes prodigieuses ! Enfin il commande halte : sur une prairie en fleurs il lui offre de se rafraîchir ; un paysan apporte des aliments, du vin, etc. Il s’écarte un peu, tandis qu’elle se réconforte et approche d’une source ses lèvres brûlantes. Il la laisse dormir et veille. Puis on se remet en marche, vers les aventures les plus prodigieuses, les plus périlleuses, et c’est toujours la même chose.

Enfin, après un combat contre un épouvantable géant, Erec, mortellement fatigué, revient à l’endroit où repose Enide, et s’évanouit. Elle de se lamenter alors ! Survient un cavalier, avec une riche escorte, — un ennemi d’Erec. Celui-ci se relève péniblement pour un nouveau