Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/144

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tables ; tout ira vers le dehors, de la façon la plus fâcheuse. Je devrais donc juger meilleur d’entrer dans vos vues et d’attendre un temps plus calme, où vous présenter pour la première fois, une œuvre entière de moi, montée avec autant de soin que l’on en met à monter ici Tannhäuser : la représentation même doit être et sera pour vous alors, en de paisibles dispositions, une grande chose, et nous en jouirons paisiblement…


Je dis tout cela, et je vous le concède. Mais vous cacherai-je que tout disparaît devant la pensée de vous revoir enfin — ne fût-ce qu’une heure ? — Non, mon enfant, je ne vous le cacherai pas ! Et si vous arrivez, malgré tout, au risque de retrouver peu de moi-même, de mon vrai moi, malgré tout je bénirai l’heure — égoïste que je suis ! — où je pourrai de nouveau plonger mon regard dans vos yeux !…

Et maintenant, assez ! Vous savez tout cela mieux que moi ! — Pour le moment, j’ai un peu de tranquillité, c’est-à-dire pas de répétitions quotidiennes. Par de multiples besognes accessoires, mon temps est toujours extrêmement pris. Les répétitions vont leur train, avec un soin inouï, qui souvent me confond, et l’on peut compter, en tout cas, sur une exécution tout à fait extraordinaire. Niemann est absolument sublime ; c’est un grand artiste, de l’espèce la plus rare. La mise en valeur des autres