Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment à ce dernier projet, lequel, tout bien considéré, me rattache à la vie : c’est la dernière ondulation du voile de Maïa. — Les gens, ici, sont gentils avec moi ; mais nul ne sait le danger auquel je les expose avec mon Tristan, et peut-être que, s’ils le découvrent, tout deviendra encore une fois impossible. Isolde, seule, avec laquelle j’ai un peu parcouru son rôle, tout récemment, pressent de quoi il s’agit. Comme ils seront épouvantés, tous les autres, quand, un jour, je leur dirai ouvertement qu’ils doivent tous se perdre avec moi !…

Jusqu’ici je puis me rendre ce témoignage que je n’ai encore trompé personne à dessein : il m’a été impossible de demander de l’argent à la direction du théâtre qui m’interrogeait sur mes conditions, mais, en revanche, j’ai stipulé ceci uniquement que, durant quatre semaines avant la première représentation annoncée, mes chanteurs et l’orchestre seraient soigneusement ménagés pour moi. Cela me donne le calme nécessaire : car j’approche maintenant de mon dernier but, et je sais que je ne pourrai l’atteindre qu’en écartant de moi toute espèce d’obligation…

Arrivez donc, mon enfant ! Le plus tôt sera le mieux ! Je suis un grand égoïste en vous sommant ainsi, et, si Otto ne m’aime pas bien, il a toute raison de ne point accéder à ma demande. Il s’agit ici d’une dernière ten-