Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/160

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même : ne pas pouvoir arracher à ce misérable monde les moyens les plus ordinaires pour une bonne exécution de son œuvre ! Comme de constater cela me raffermit dans ma résignation ! J’ai pu encore faire pas mal d’expériences, à ce propos, qui ont jeté pour moi la dernière clarté aussi sur ma situation à l’égard du monde. J’ai vu clairement ce qu’il en est de ces princes dont, depuis quelque temps, je me sentais nécessairement poussé à attendre plus ou moins. Je sais maintenant que même le meilleur, avec la meilleure volonté, ne peut rien faire pour moi. Cela me fut proprement salutaire et je ne fis point la grimace. Mais j’ai le sentiment que la fin approche, et — vraiment ! — je dis que c’est tant mieux !

Je suis à Vienne depuis plusieurs jours. Un brave enthousiaste, le docteur Standthardtner,[1] m’a offert l’hospitalité pour quelques semaines, aussi longtemps que sa famille est en voyage ; ensuite il faudra voir à me débrouiller. Peut-être trouverai-je encore quelqu’un qui m’héberge ainsi ! Par malheur, mon ténor, Ander, a toujours la voix malade, de sorte que les études de Tristan sont retardées. Comme je ne projette rien d’autre et ferais du tort à l’entreprise en quittant Vienne, je reste tranquille et attends ce que les astres auront décidé relative-

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 342.