Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/100

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couvert un trait nouveau, auquel je n’avais pas fait attention jusqu’ici, qui m’est précieux et me fournira probablement une solution importante. Le voici : Çakya-Mouni était tout d’abord absolument opposé à l’admission des femmes dans la communauté des saints. Il émet, à différentes reprises, l’opinion que les femmes sont beaucoup trop soumises par leur nature à la sexualité et, par là, au caprice, à l’opiniâtreté et à l’existence personnelle, pour qu’elles puissent parvenir au recueillement et à l’intense contemplation, indispensables à l’individu, s’il veut s’écarter de la tendance naturelle et aboutir à la rédemption. Ce fut Ananda, son disciple favori, le même auquel j’ai attribué un rôle dans mes Vainqueurs,[1] qui fit enfin renoncer le maître à sa rigueur et ouvrir aux femmes les portes de la communauté. Ceci avait pour moi une grande importance. Tout naturellement mon plan en acquit un vaste développement. Le plus difficile était de prêter une forme dramatique, voire musicale, à cet être humain délivré de tous désirs, le Bouddha lui-même. La solution du problème est en ce qu’il parvient encore à un dernier degré de purification en acceptant une nouvelle vérité, qui lui vient, — comme toute vérité — non point

  1. Voir l’Esquisse pour les Vainqueurs (16 Mai 1856), dans « Esquisses, Pensées, Fragments » de R. Wagner, pages 97/8.
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