Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je suis inexprimablement heureux de votre visite ! Tout est déjà en ordre, et ira comme de soi-même. Cette fois la musique me fera vraiment du bien, et je vous dois encore l’Érard. La verdure commence à paraître déjà. S’il fait très beau, n’est-ce pas ? Je promets également à Wesendonk de nombreuses cadences finales : toutes les huit mesures une petite satisfaction.

Bénédiction sur toute la maison !

Mille salutations ! Au revoir, à bientôt !

R. W.



70.

Mardi de Pâques
[26 Avril 59].

Voici enfin une matinée qui promet : nous verrons, si la journée sera bonne. Votre petite lettre, et le beau temps, constituent un heureux début. Merci ! Au total je me sens quelque peu lent d’esprit et maussade. Je suis déjà depuis trop longtemps à ce travail, et je sens trop que ma force créatrice ne se nourrit que des germes et des floraisons, que fit naître en moi un court espace de temps, comme un orage qui fertilise. À proprement parler je ne crée point ; plus longtemps cela durera cependant, plus heureux je dois toujours me sentir, afin que puisse complètement s’éveiller la provision intérieure, et ces états d’âme ne se laissent pas

— 177 —