Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/233

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conditions sine qua non pour y tenir ! Je suis encore plus morose, quand la pluie m’empêche de faire ma promenade à cheval du matin. Je suis devenu amateur passionné d’équitation : j’ai un compagnon direct dans le cheval, qui est comme soudé à moi dans le mouvement de la chevauchée, me force à l’attention, à m’occuper de lui, et me procure ainsi une société des plus agréables, dont la caractéristique est que tout se concentre en un seul contact continu.

Je pourrais encore écrire beaucoup sur l’équitation. Je dois éviter de nourrir une passion pour le cheval, sinon j’apprendrais encore une chose, à laquelle il faudrait renoncer. Or j’ai déjà renoncé à tant de choses, et puis le Juif Errant ne peut avoir de cheval pour ses pérégrinations !

Rien de nouveau. Mes discrets amis gardent un silence respectueux. Même le journal musical nous mesure par fragments la future fête. Je désire presque ne point recevoir de visites de là-bas pour tout l’été ; avant l’achèvement de Tristan, les intrus bruyants m’apporteraient le trouble : ils veulent tous absolument autre chose que moi ; il me faut le reconnaître, sans la moindre amertume. Ce n’est qu’avec une réelle horreur que je me rappelle les tribulations de l’automne de 1856, et quand me revient à la mémoire quel mal me firent les visites de l’été passé, alors que je comptais finalement les mi-

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