Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/234

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nutes me séparant de l’heure du départ des visiteurs, je comprends à peine comment je pourrais prévoir ces visites autrement qu’avec crainte. Et cependant ces visites ne seraient inspirées que par l’amour de moi ! C’est grave. Quel drôle de personnage deviendrais-je encore ! Peut-être que cela changera, quand Tristan sera fini. Maintenant il est encore le maître : après cela ce sera mon tour !

Hier m’arriva tout un envoi de beaux « zwieback » : c’est un surcroît démesuré pour mon ménage. Où vais-je fourrer toutes ces boîtes ? Il faut que nous y réfléchissions quelque peu.

Dernièrement un supplément de l’Intelligenzblatt[1] m’amusa beaucoup : croyant que l’auteur était Herwegh, je le lui demandai par quelques lignes. Avec joie il me répondit affirmativement. Ce zèle me divertit. L’article était, çà et là, quelque peu impertinent, mais écrit réellement avec beaucoup d’esprit, plus que je n’en aurais attribué à Herwegh. Cela suffit déjà pour éveiller l’appréciation et l’espérance. Ce dont il s’agit est si déplorablement triste, qu’il faut certes de l’esprit et de l’ironie pour rendre tolérable l’aspect de ce monde ; c’est l’affirmation ostensiblement exprimée de la misère du monde en même temps que celle de notre faiblesse vis-à-vis de lui, non

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 211 et suiv.
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