Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/122

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Assez de Tannhäuser ! . . . De temps en temps, je cause longuement avec vous des gens que je rencontre, mais, pour le moment, je n’ai rien à vous rapporter de particulier : beaucoup de choses prendraient un air d’importance qu’elles ne méritent pas. En somme, je continue de vivre absolument seul. Rien ne me convient mieux. Cependant ma solitude aussi est souvent morose. Quel remède, alors ?… Le souvenir — et le sommeil !…

J’ai pris les projets en aversion. Même pour une représentation de Tristan, je n’ai rien projeté encore. Je pense toujours que ce qui doit être arrive un jour de soi-même. En attendant, la reine Victoria s’est mise en tête d’entendre Lohengrin, cet hiver. Le directeur de Covent-Garden est venu me trouver : la reine désire entendre l’œuvre en anglais ; ce sera pour Février. Je n’en sais pas davantage encore, ni d’ailleurs si je pourrai m’occuper de cela. Ce serait drôle d’entendre cet ouvrage pour la première fois en anglais…

Et maintenant je vais bientôt déménager. À partir du 15 Octobre, je demeurerai 3, rue d’Aumale.[1] L’appartement est plutôt petit, et j’espère que je n’aurai pas à y écrire des vers ou à composer : il ne peut convenir que comme bureau d’affaires. J’ai à moitié perdu mon

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 261 et suiv. ; 278 et suiv.