91.
« Je ne butine que ce qui est doux,
Le poison, je le laisse là ! »[1]
me disait, en riant, une insouciante enfant, voilà
des années. Elle a goûté, maintenant, le poison
du souci, mais l’abeille a piqué aussi avec son
aiguillon. C’est l’aiguillon incitant vers des buts
plus hauts, vers des buts plus nobles, qui est
resté en moi. Et, vraiment, le poison était-il
si méchant ?…
Mon amie, seules ces dernières années de ma vie ont fait vraiment de moi un homme. Je me sens en pleine harmonie avec moi-même ; et, sitôt que la vérité est en jeu, toujours je suis certain de mon vouloir, je ne fais qu’un avec lui. Dans la vie proprement dite, je me laisse tout bonnement conduire par mon instinct : une volonté s’accomplit avec la mienne qui dépasse la valeur de ma personnalité. La con-
- ↑ Ancienne chanson populaire.