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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/140

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Tel ou tel, qui aujourd’hui m’approchait de fort près, ne plus le voir pendant des mois, pendant le quart, même pendant la moitié d’une année, n’apporte pas un atome de trouble dans ces relations. Je ne suis nullement rébarbatif, mais d’une incroyable indifférence. Je ne dépends nulle part de l’habitude.

Vous m’avez demandé quel était mon cercle de femmes ? J’ai fait de nombreuses connaissances ; pas une avec qui je sois entré en commerce habituel.

Madame Ollivier est fort bien douée, elle a même un naturel éblouissant… Je me demande comment il se fait que nous nous voyions si rarement… Il en est ainsi de toutes mes connaissances : les chances de gain à les cultiver davantage sont tellement inégales que je me résigne volontiers, de toute façon, et — au gré de mon humeur aussi, — me contente de ce que le hasard m’apporte à la maison. Il y a, entre autres… une demoiselle de Meysenbug,[1] qui séjourne ici, présentement, comme gouvernante des enfants d’une famille russe : elle… avait ceci pour elle, lorsqu’on me l’amena, que, dans le temps, à Londres, un jour de méchante humeur, je l’avais une fois fort maltraitée. Ce souvenir me toucha,

  1. Voir M. de Meysenbug : le Génie et le Monde, dans la revue Cosmopolis (Août 1896). Comparer Glasenapp, II, 2, 235 et suiv.