Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/147

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de renoncer à une existence toute faussée, impossible à redresser, et cela très sincèrement !

Je fatigue mes amis de la manière la plus inexcusable, et je traîne avec moi des fardeaux que je ne puis vraiment plus porter… Le bon Bûlow, qui ressentit profondément ma douleur, essaye maintenant de m’ouvrir quelque perspective en Allemagne. Pour moi, j’ai peu de confiance, et crois bien que je devrai m’exténuer peu à peu en efforts vers le repos, jusqu’à ce que j’arrive au repos véritable. J’ai pourtant des devoirs qui me tiennent encore debout : le souci me donne une nouvelle vie…

Je ne puis parler de moi plus longuement à l’enfant ; mais je me réserve de sourire encore bien gentiment lorsque, trompé par les apparences, on croira pouvoir me féliciter prématurément, comme cela m’est arrivé il n’y a pas longtemps…

Mon enfant, où s’en est allé le bonheur des soirées de Calderon ? Quelle mauvaise étoile m’a fait sortir de mon seul digne asile ? Croyez-moi, quelque autre son de cloche que vous puissiez entendre, — quand je quittai cet asile, mon étoile était vouée à la chute ; je ne puis plus que tomber encore !…

Jamais, jamais n’ayez d’autre opinion là-dessus ! Tenez-vous à cela uniquement !…. Je ne me plains pas, je n’accuse pas : — il en devait être ainsi ; mais, pour rester toujours juste