Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/148

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envers moi, ne l’oubliez non plus jamais !… Cela, je voulais vous le dire encore : oh ! imprimez-vous bien cela dans l’esprit !…

Et maintenant faites mes meilleures amitiés à Otto… Sa présence ici pendant ces mauvais jours m’a presque plus chagriné que réjoui ; je dois cependant déclarer de tout cœur que sa sollicitude, sa sympathie, toute sa façon d’être m’a profondément touché. Mais je ne pouvais rien être personnellement pour lui. C’était un perpétuel affolement, et l’échec proprement dit de mon entreprise ne se décida justement que lors de sa présence à Paris. Ces répétitions, où mon œuvre me devenait toujours plus étrangère et méconnaissable, c’est là que je souffris le plus. Les représentations, au contraire, m’ont produit l’effet de coups purement physiques, me rappelant de ma douleur morale au sentiment de ma triste existence. Les coups mêmes n’avaient d’effet qu’à la surface…

Dites aussi à Otto que, sans doute, on pourra bientôt lire dans l’Illustré de Leipzig un article de moi-même sur toute l’affaire du Tannhäuser à Paris.[1] J’avais promis quelque chose comme cela à un parent . . .

Adieu, amie !

Dans quelques jours, il me faut aller pour peu de temps à Carlsruhe et puis m’en revenir

  1. Voir Richard Wagner, Écrits, 7, 181 et suiv.