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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/158

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vraiment correspondre avec un être aimé, s’il n’était permis de croire que ces vicissitudes mêmes sont communiquées, de l’un à l’autre, sympathiquement.

Il m’a fallu approuver la lettre où vous me parliez de Weimar, sitôt que j’ai compris que votre visite à Weimar pouvait compromettre Vienne. Fasse le ciel, maintenant, que le sacrifice n’ait pas été une duperie ! Amen !

De repos et d’agrément, à Weimar, il n’a pu, naturellement, être question. De partout on se pressait pour me revoir — ou pour faire ma connaissance. Toutes les demi-heures, il me fallait raconter l’histoire de ma vie à quelqu’autre personne. Le désespoir me fit retrouver à la fin ma folle humeur de jadis et tout le monde fut charmé de mes facéties. Seulement, je ne pouvais plus redevenir sérieux, car je ne peux absolument plus l’être alors, sans tomber dans un attendrissement où je me dissous presque. C’est un défaut de mon tempérament, qui empire de plus en plus : j’y prends garde encore, autant que je puis, car il me semble qu’à force de pleurer je m’en irais en eau.

Il me semble, de plus en plus, que j’ai à peu près atteint maintenant le terme de ma vie : de but, il n’en est plus question depuis longtemps ; bientôt les prétextes aussi, même les expédients me feront défaut. Comprenez-moi bien quand j’avoue, avec la plus tendre sincé-