Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/179

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de Sachs, prenez bien garde à votre cœur : vous pourriez devenir amoureuse de lui ! C’est un travail tout à fait merveilleux. L’ancien projet[1] donnait peu de chose ou rien du tout. Oui, il faut avoir été en paradis pour savoir enfin ce qu’il y a dans une œuvre pareille !…

De ma vie vous n’apprendrez jamais que l’indispensable, — ce qu’elle aura de plus extérieur. — Intérieurement, — soyez-en assurée ! — plus rien ne se passe : plus rien que le travail d’art, la création. Ainsi vous ne perdez rien, mais gardez ce qui seul est précieux, mes œuvres. Nous nous verrons, cependant, de temps à autre. N’est-ce pas ? Mais, alors, sans nul désir ! Ainsi donc, parfaitement libres !…

Voilà ! Quelle lettre extraordinaire ! Vous ne pouvez imaginer quel soulagement c’est pour moi de savoir que vous savez que je sais ce que vous saviez depuis longtemps !… Ci-joint encore une Chanson de cordonnier.[2]

Adieu, mon enfant !

Le Maître.
  1. Publié depuis, intégralement, dans la revue Die Musik, I, 1902, pages 1799—1809. — Madame Wesendonk, qui conservait ce projet comme un présent du maître, l’avait envoyé à Paris le 25 Décembre 1861.
  2. À cette lettre est jointe la Chanson de cordonnier qui se trouve au deuxième acte des Maîtres Chanteurs.