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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/211

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Chanteurs, si sérieux et calme que me regarde la portefeuille brun… Otto m’en veut, je suppose, d’être resté si longtemps sans lui écrire ? Je lui ai écrit après mon cinquantième anniversaire, attendu avec tant d’intérêt,[1] afin qu’il ne pense pas que je lui écris rien que pour l’importuner par l’une ou l’autre chose. Si vous n’étiez pas là-bas, je ne saurais pas même que ma lettre est arrivée à destination. Comment est sa santé ? Est-ce qu’il souffre encore toujours de son mal au cou ? J’espère recevoir de bonnes nouvelles de lui.

Comment va la belle Suisse ? Est-ce que le lac a toujours son beau ton glauque ? Et les montagnes leurs beaux champs de neige ?… Mes enfants, vous avez fait choix d’un magnifique pays, et souvent la nostalgie me reporte vers lui. J’avais une fois formé l’espoir, naguère, d’y mourir ! D’une façon générale, il me semble que j’étais souvent plus tranquille là-bas qu’à présent. Le paysage suisse a vraiment quelque chose de calmant ! Je ne vois plus de couchers de soleil : dernièrement encore deux ou trois fois au Rhin. Mais impossible de trouver une demeure là-bas ; maintenant je suis ici, à cause de quelques grands et beaux arbres, que j’ai dans mon jardin. Aussi l’habitation est tranquille, — mais non pas moi ! D’ailleurs, je vous l’ai déjà dit. Et

  1. Comparer lettre 104.