Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand il dit : « l’Allemand est bas ». Il n’y a pas une lueur d’espoir en ce pays, et pour ce qui est de mes anciens hauts protecteurs, vous pouvez en juger rien que d’après ceci : à l’occasion de la reprise de mes concerts de Vienne, j’ai été invité par les Tchèques de Prague, par les Russes, par les Hongrois, tandis que je m’attends à un refus de la part de mes braves Allemands, si je leur fais la moindre proposition. À Berlin, l’intendant a refusé de me recevoir.[1] Et ainsi de suite. — Depuis mon retour de Russie, il ne m’a pas encore été possible d’aller trouver personne du théâtre d’ici. Mon dégoût de la société de ces gens est tellement fort, que je suis incapable d’entreprendre quelque chose, pour laquelle j’aurais besoin d’eux. Quiconque le sait trouve cela très naturel, seulement cela explique aussi pourquoi ma carrière est fermée. Croyez-moi, c’est un sentiment étrange, de savoir que pas même vous, vous ne connaissez mes œuvres : il suffit que je fasse exécuter un fragment de l’une d’elles complètement, pour que les mieux doués, les plus profondément initiés de mes disciples reconnaissent tout de suite, qu’auparavant ils n’avaient pas la moindre idée de l’œuvre. Que sont maintenant mon intellectualité, mes œuvres ? — Sans moi elles n’existent pour qui que ce soit. Oui ! Cela donne une grande im-

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 426 et suiv.