Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/224

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Texistence. Ah ! comme tout le monde était heureux de me savoir si bien pourvu, et que plus personne dorénavant n’avait à se soucier encore de moi !

Je vais à Carlsruhe, pour faire un dernier essai et voir si j’ai quoi que ce soit à attendre de la faveur princière. Ne dites pas que je suis un homme « abandonné ». Là où personne ne peut plus m’aider, je puis m’aider moi-même, tout seul : — mais en quoi mes contemporains pouvaient m’aider, c’est ce que verra, bientôt peut-être, la postérité. Alors il apparaîtra clairement avec quelle facilité on aurait pu venir à mon aide, et ce qu’on aurait gagné si mes dernières années de création ne m’avaient pas été gâtées si misérablement. Mais, pour éviter cet étonnement futur, est-ce que je ferai maintenant pour moi ce que l’on fera plus tard pour mes monuments ? Quel bien-être sans signification autour de moi ! Et le peuple veut devenir encore plus « un » !

Cependant j’espère pouvoir vous rendre encore visite avant Carlsruhe, peut-être. Peut-être aussi disparaîtrai-je sans laisser de traces déjà avant cette date. Ah ! pouvoir mourir comme un écho ! Mourir au loin, comme une dernière onde sonore de soi-même !

C’est cela ! Vous écrire pareilles choses ! Je ferais beaucoup mieux de ne point vous les envoyer ; mais vous avez agi de même, un jour,