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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/23

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jouer Tannhäuser ;[1] tout le monde étant là, il me fallait donc m’exécuter, encore une fois ; j’expliquai d’abord minutieusement le texte en langue française (ce qui me coûta pas mal d’efforts), puis je chantai et jouai. Alors seulement ils comprirent vraiment, et l’impression parut être extraordinaire. Tout cela me semble tellement inouï de ces Français !

En revanche, je ne reçois d’Allemagne que des nouvelles mornes et sentant le moisi. L’ami Devrient attache la dernière importance à maintenir son « Institut » dans l’équilibre le plus parfait ; pour lui, il s’agit avant tout d’écarter l’extraordinaire et le passager, qui le dérangeraient. Un soprano[2] totalement dénué de voix, pour qui le rôle d’Isolde est d’un bout à l’autre trop bas et qui, par conséquent, ne peut encore se décider à le chanter, est la seule artiste qu’on m’offre pour mon héroïne, parce que d’ailleurs elle la représenterait bien. Tout cela sans la moindre trace de chaleur. Pour ce qui est de la seule circonstance parlant en faveur de l’entreprise, ma présence personnelle là-bas, eh bien ! précisément sur ce point, malgré toute mon insistance, pas d’explications précises, parce qu’il n’y a toujours pas moyen d’avoir le grand-duc. À chaque instant, l’envie me prend d’en

  1. Voir Glasenapp, II, 2, 224.
  2. Voir Glasenapp, III, I, 68 et suiv.