Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/235

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œuvres, et de tous les portefeuilles cachés doit sortir tout ce que j’ai jamais écrit. Il sait qu’il ne peut me surcharger de travail et s’adresse adroitement toujours à des amis. Dans le cas présent, sa façon d’agir a été la même : sur ses instances réitérées, j’ai dû lui dire ce que j’ai écrit et où cela se trouve. Je devais donc dénoncer le grand portefeuille de la « colline verte ». Impossible de faire autrement. D’ailleurs, il n’y a pas de mal à cela ; il veut seulement que tout soit réuni dans l’intention de le conserver, et de savoir qu’ainsi il me possède bien complètement.

Oui, mon enfant, celui-ci m’aime, vraiment ! Si, malgré tout, je ne vais pas bien encore, il y a des raisons pour cela. Plus le poids de ma foi diminue, plus précieux je deviens — déjà je ne crois pour ainsi dire plus à rien du tout, et comment combler ce vide : par un lest formidable de faveurs royales !

Autrefois on pouvait m’avoir à bien meilleur marché : maintenant mon esprit d’observation est devenu beaucoup plus aigu, et l’illusion sur les inconcevables faiblesses, qui reculaient partout devant moi, comme à l’approche d’un fou, ne m’est presque plus possible. Toujours est-il que je fais ce que je peux, et que j’aime à attendre encore quelque chose des humains. En cela m’assiste précisément le jeune Roi : il sait tout — et veut ! Il faut donc que moi aussi je