Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/245

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distinctement. Sulzer est retourné à Winterthur, pour interrompre la cure. Tandis qu’il regardait les gravures, un doute me vint sur la puissance de sa vision ; plus tard, dans le jardin, pour distinguer les vigoureuses et grandes fleurs de pervenches, il prit des verres doubles. Cela me fut pénible, car les fleurs sont d’un bleu clair et se détachent nettement sur le vert savoureux des feuilles. Encore mes amicales salutations ! Voilà cette fois du vrai bavardage !

2.

Vos dernières lignes[1] m’ont beaucoup attristée. Longtemps je demeurai sans pouvoir y répondre. La pensée de notre rencontre à Vienne m’était devenue si familière, m’était finalement devenue une assurance. Pendant tout un temps, je n’y avais pas ajouté foi, puis celle-ci me vint, pour s’en aller ensuite. Ce qui est remis dans la main de l’avenir est peut-être perdu pour nous momentanément, peut-être à jamais. L’instant nous appartient ; mais qui sait donc ce que la Mère ténébreuse porte dans son sein à notre intention ? Comprenant bien les affres de l’enfantement d’un Tristan, je n’avais dans l’esprit pour ce moment qu’une entrevue. Si nous avions su que vous

  1. La lettre à laquelle il est fait allusion (dont la date doit tomber entre celle des lettres 123 et 124) est perdue.