Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/25

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c’est pourtant la seule chose qui puisse encore rendre la vie supportable ! Déjà je n’y tiendrais plus sans cela, et toute concession me rongerait le cœur comme un ver mortel. La vérité . . . ou rien du tout ! . . . Ainsi, malgré mes enthousiastes parisiens, je mène une existence fort calme. Presque toute la journée, et notamment tous les soirs, je suis seul à la maison. Ce mois-ci, j’ai encore à passer par les tracas de mon installation : c’est une charge des plus lourdes que je me suis imposée là, de nouveau, et cela seulement pour assurer la tranquillité de mon travail. Mais ma petite maison sera charmante. Liszt est ici : je la lui montrerai demain, afin qu’il puisse vous la décrire. La douceur du climat et le changement d’existence n’ont pas encore un résultat favorable pour moi. Je crois que je ferai bien de recommencer, le plus tôt possible, à monter à cheval. J’ai toujours à écrire une effroyable quantité de lettres. Les meilleures me restent en tête, cependant : celles qui vous sont destinées. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais c’est toujours la vieille chanson, que vous avez déjà si souvent entendue ; rien n’y veut changer. Les grands hommes de Plutarque me produisent le même effet que Winkelried sur Schiller (mais Schiller n’avait pas tout à fait raison). Je rendrais plutôt grâce à Dieu de ne point appartenir à cette espèce. Laides, mesquines, violentes,