Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/42

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quelque chose, pendant un certain temps ; je sais, d’autre part, combien peu je tiens à tout cela et avec quelle indifférence je laisserais tout. Oui, vous pouvez rire ! Je vous le permets encore cette fois. —

Il y a quelques jours, on m’a invité à une soirée musicale, où furent joués des sonates, des trios, etc, de la dernière période de Beethoven. L’interprétation et l’exécution m’ont fortement déplu : on ne m’y reprendra pas de sitôt. Cependant j’ai eu quelques petites aventures. Je m’assis à côté de Berlioz, qui me présenta immédiatement le compositeur Gounod, assis près de lui, — un artiste d’extérieur fort aimable, et d’intentions honnêtes, mais sans aucuns dons supérieurs. — À peine ma présence fut-elle connue que de tous côtés on s’empressa auprès de Berlioz pour m’être présenté par lui. Chose étrange, c’étaient encore des enthousiastes de mon art, qui ont étudié mes partitions sans connaître l’allemand. Parfois j’en suis tout déconcerté. Je crains à présent de nombreuses visites et dois me tenir un peu sur mes gardes. Jusqu’ici j’ai négligé honteusement la jeune Charnacé. En face de Paris, je n’ai pas encore recouvré mon sang-froid. Mais, après tout, j’ai l’envie d’entreprendre quelque chose, — rien que pour faire sortir mes rhumatismes.

Je lis la Musique tzigane de Liszt. Un