Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/41

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chambre où l’on prenait le thé ; aux murs, le Kaulbach, le Cornélius et les deux Murillo.[1] À côté, un petit cabinet avec bibliothèque, table de travail et la causeuse bien connue (souvenir de Lucerne). J’ai fait tapisser ma chambre à coucher d’un papier uni violet pâle, encadré de quelques bandes vertes : la Vierge à la Chaise constitue la parure. Un tout petit cabinet, à côté, est arrangé en salle de bains. Me voici donc « installé » pour la dernière fois ! Vous savez que si je prends une ferme résolution, je suis capable de m’y tenir : eh bien ! jamais, jamais plus je ne m’ « installe » ! Dieu sait ce qui mettra fin à cet établissement-ci ; je sais, moi, qu’il prendra fin avant que je meure ; mais je sais aussi que je ne m’arrange plus d’autre nid et veux sans rien posséder attendre là où l’on me fermera les yeux.

Cette fois, j’ai de nouveau mis une ardeur ridicule à installer tout le plus tôt possible, afin de trouver la paix : je me surmène alors, non point pour l’amour de la chose en elle-même, mais pour arriver rapidement à la situation voulue, dans laquelle certains besoins, satisfaits souvent jusqu’au plus minime détail, n’exerceront plus d’effet fâcheux sur moi. Ainsi en doit-il être, car autrement je ne puis m’expliquer cette ardeur ridicule avec laquelle je poursuis

  1. Voir lettres à Otto Wesendonk.