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Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t2, 1905, trad. Khnopff.djvu/73

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dire quand ni pour quel endroit ! Vous voyez, c’est une querelle : il y a quelques jours encore, j’aurais pris cela plus doucement ; mais, à présent, je deviens plus méchant de jour en jour.

Je vous en prie, écrivez-moi donc une longue lettre ! Comment vous allez, ce que vous voyez, votre vie quotidienne, quelles connaissances vous avez faites, si votre santé est bonne, etc. Vous m’avez promis de me montrer votre lanterne magique de temps à autre. Et, tout à coup, me voilà complètement excommunié ? Ah ! on voit où vous êtes !

Je devrais presque, à présent, ne point parler de moi ; mais que sais-je de vous ? Rien, sinon que je ne sais rien : une notion très philosophique ! Et de moi ?? Chère enfant, cela ne tournera jamais d’une façon raisonnable et surtout aucun homme de sens n’y comprendra jamais rien. Par exemple, je suis fêté par tous les gens intelligents et le monde entier croit que je nage dans les plaisirs et les délices, parce que j’ai atteint enfin le résultat incroyable qu’un de mes opéras va être représenté à Paris. « Que peut-il désirer encore de plus ? » dit-on. Et figurez-vous que je n’ai jamais été plus las de tout cela que maintenant et à quiconque vient me féliciter je montre les dents avec fureur. Voilà comment je suis, à présent !

Personne ne fait rien à mon goût ; rien ne me va. Alors on me plante là, et, finalement,