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de l’Europe, chez lesquels ou pont prouver tout aussi clairement, au moins pour le peuple français, que la résurrection s’est bornée à une simple transformation, opérée d’en haut par des moyens purement mécaniques et avec un arbitraire inouï.

Cette régénération, sans exemple dans l’histoire, du peuple allemand par son propre esprit, s’effectuait précisément à l’époque où le souverain allemand le plus génial ne pouvait regarder qu’avec horreur au-delà de l’atmosphère de la civilisation française. C’est d’elle que Schiller a chanté :


Nul Auguste n’ouvrit son ère,
Aucun Médicis débonnaire
Ne sourit à l’art allemand ;
Ce n’est pas à l’éclat des trônes ,
À leurs faveurs, à leurs aumônes.
Qu’il doit son resplendissement.


À ces rimes si éloquentes du grand poète, si nous ajoutons encore en simple prose qu’au moment de la régénération de l’art, le peuple allemand n’existait pour ainsi dire que dans ses maisons princières ; qu’après la destruction de toute culture civile en Allemagne par la guerre de Trente Ans, toute autorité, toute faculté même de se mouvoir dans une sphère quelconque d’activité, se trouvait exclusivement au pouvoir des princes, et que les cours princières, dans lesquelles seules s’exprimait la puissance, l’existence même de la nation allemande, s’ingéniaient, avec une conscience presque scrupuleuse, à imiter mesquinement la cour de France, nous aurons à la strophe de Schiller un commentaire qui provoque assurément de sérieuses réflexions. Si,