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française se produisait sans les convenances françaises. Nous devons avouer que c’est le simple sentiment des convenances des peuples autrefois influencés par l’esprit allemand qui les a totalement détournés de nous et les a livrés à la civilisation française : les Suédois, les Danois, les Hollandais, nos voisins et nos frères, qui jadis étaient en parfaite communauté d’idées avec nous, vont aujourd’hui faire leurs provisions d’art et d’esprit directement à Paris ; car ils préfèrent très-judicieusement la denrée loyale à la marchandise frelatée.

Quelle impression notre hôte français emportera-t-il, quand il se sera repu de ce spectacle de la civilisation allemande ? Assurément, il éprouvera un mal du pays désespéré, un besoin de retourner au moins aux convenances françaises. À le bien prendre, la domination française y aura gagné un nouveau moyen de puissance, contre lequel nous parviendrions difficilement à nous défendre. Si nous voulons pourtant le tenter, examinons sans vaine présomption les ressources dont nous pouvons encore disposer.

IV

À ce Français intelligent que nous venons de voir inspecter ainsi la physionomie présente de la vie intellectuelle en Allemagne, nous devons pourtant dire finalement, en guise de consolation, que son regard n’a fait qu’effleurer l’atmosphère extérieure du véritable monde de la pensée. C’était la sphère dans laquelle on permit à l’esprit allemand d’aspirer à une apparence de pouvoir