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et d’activité publique ; dès qu’il renonçait complètement à cette ambition, la corruption ne pouvait naturellement prendre aucun empire sur lui. Il sera profitable, quoique affligeant, de le rechercher dans sa patrie, là où il élabora jadis le merveilleux temple de sa magnificence, sous la perruque raide d’un S. Bach, sous la coiffure poudrée d’un Lessing. S’il y a là, dans les profondeurs de l’individualité germanique aux facultés universelles, une source d’aptitudes spéciales, un trésor qui ne rapporte point d’intérêts à la vie publique, on aura le droit d’en tirer des conclusions, non contre la capacité de l’esprit allemand, mais seulement contre la sagacité de la politique allemande. Dans les dernières périodes décennales, nous avons fait à plusieurs reprises cette curieuse expérience qu’en Allemagne la notoriété ne s’est attachée à des esprits de premier rang que par les découvertes des étrangers. C’est là un beau trait, d’une signification profonde, si humiliant qu’il puisse être pour la politique allemande. À dire vrai, depuis la régénération du sang des peuples d’Europe, l’Allemand a été le créateur et l’inventeur, le roman, l’organisateur et l’exploiteur : l’essence germanique est restée la véritable source de rénovation permanente.

Si donc nous recherchons les manifestations de l’esprit allemand là où elles touchent encore à la publicité d’une manière reconnaissable, nous rencontrons, ici aussi, des témoignages irrécusables de la ténacité de la nature germanique à ne pas abandonner ce qu’elle a une fois saisi. L’esprit fédératif de l’Allemagne ne s’est jamais complètement démenti ; même à l’époque de la plus profonde décadence politique, il a démontré, par le maintien obstiné de ses dynasties princières en oppo-