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DE L’OUVERTURE

dernières mesures de l’ouverture à la première scène de l’opéra est un trait de génie tel qu’il constitue une conclusion d’une nature toute particulière qui ne pouvait tourner autrement dans une ouverture de Don Juan.

L’ouverture ainsi faite par Gluck et Mozart devint la propriété de Cherubini et de Beethoven. Il faut seulement remarquer que dans la manière de voir de ces deux grands compositeurs, qui ont, du reste, de nombreux points d’affinité, Cherubini conçut en grande partie selon le type laissé par Mozart, pendant que Beethoven finit par s’en éloigner prodigieusement. Les ouvertures de Cherubini sont des esquisses poétiques de la principale idée du drame, envisagée dans ses traits généraux, et resserrée dans l’unité claire et transparente ; mais son ouverture des Deux Journées nous montre comment la marche dramatique du poème peut s’exprimer, même dans cette forme, sans nuire en rien à l’unité de la facture artistique. L’ouverture de Fidelio, de Beethoven (la seconde en mi) est incontestablement parente de cette ouverture des Deux Journées de Cherubini, et c’est dans ces deux morceaux que ces deux grands maîtres ont le plus de points de contact. Que ces limites ainsi faites aient été d’ailleurs trop gênantes pour le génie impétueux de Beethoven, c’est ce qu’on reconnaît bien évidemment dans ses autres grandes ouvertures, surtout dans celle