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Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/172

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–––––––––––Frère ! mon frère !
–––––––––––Siegmund — ha ! —
(Elle s’affaisse avec un cri, défaillante, dans les bras de Siegmund.)
Siegmund.
–––––––––––Chère ! aimée !
Il écoute Sieglinde respirer, et ainsi se convainc qu’elle est encore vivante. Il la laisse glisser tout contre lui, de sorte que, lui-même s’étant assis sur le rocher, la tête de Sieglinde se trouve reposer sur ses genoux. Tous deux demeurent dans cette situation jusqu’à la fin de la scène suivante.


Long silence, pendant lequel Siegmund se penche avec une tendre sollicitude sur Sieglinde, et dépose sur son front un long baiser.




Brünnhilde, conduisant son cheval par la bride, est sortie de la caverne ; elle s’est avancée, lente et solennelle, et s’arrête à présent — latéralement par rapport à Siegmund — à peu de distance de celui-ci. D’une main elle tient la lance et le bouclier ; de l’autre elle s’appuie sur l’encolure du cheval, et, dans un silence grave, elle contemple un moment Siegmund.
Brünnhilde.
–––––––––––Siegmund ! —
–––––––––––Vois vers moi !
–––––––––––C’est — moi,
–––––––––––que tu suivras.
Siegmund.
(dirigeant ses regards sur elle)
–––––––––––Qui donc es-tu,
–––––––––qui si belle et grave paraît ?
Brünnhilde.
–––––––––––Seuls ceux qui meurent
–––––––––––voient ma face :
–––––––––––à qui m’entend,
–––––––––j’annonce le jour obscur.[1]
–––––––––––Sur le champ du combat
–––––––––––je vais aux braves :
–––––––––––qui m’aperçoit,
–––––––––la mort l’a désigné.
Siegmund.
(la regarde longuement dans les yeux, puis baisse la tête comme pour réfléchir, et enfin se tourne vers elle de nouveau, avec une solennelle gravité.)
–––––––––––S’il suit tes pas,
–––––––––où conduis-tu le brave ?
  1. Var. : pour qui m’entend,
    le jour de la vie s’éteint.