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ACTE I.




(Une grotte dans la forêt. A l’intérieur, une forge naturelle et un grand soufflet. — Devant l’enclume est assis Mime, attentif à forger une épée.)

Scène I.

Mime
(interrompant son travail).

Peine stérile !
tâche sans fin !
Le meilleur fer
que j’aie martelé[1]
aux géants eux-mêmes
eût pu servir :
mais, lui qui l’exige,
l’enfant détestable
le va jeter en morceaux[2]
tout comme un simple hochet !

(Mime, découragé, jette l’épée sur l’enclume, laisse tomber ses bras et regarde à terre, pensif.)

Un glaive seul
lui serait rebelle :
Nothung ferme
tiendrait en son poing
si j’en soudais les fortes pièces
que tout mon art n’a pu joindre encor !
Si j’en faisais son arme,
de mes maux j’aurais le paiement !

(Il se courbe plus profondément, la tête comme alourdie par ses réflexions.)

Fafner, cruel dragon,
gîte aux bois obscurs.
Sous ses lourds et hideux replis
des Nibelungen l’or

  1. Var. : Le glaive fort
    que j’ai martelé.
  2. Var. : le brise et jette en morceaux.