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Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/222

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est bien gardé,
Siegfried, fort jouvenceau,
pourrait coucher Fafner mort.
Du Niblung l’Anneau
serait mon butin !
Un fer seul peut cet exploit.
Seule Nothung peut me servir,
quand Siegfried la brandira.
Mais en vain je forge,
Nothung, l’Epée.

(Il a remis la lame sur l’enclume et la martelle avec un grand découragement.)

Peine stérile !
Tâche sans fin !
Le meilleur fer
que j’aie martelé[1]
ne peut valoir
pour l’unique haut-fait !
Je frappe et martelle ici,
car l’enfant m’y contraint.
Il met mon œuvre en tronçons
et gronde si je suis las !

(Il laisse tomber son marteau).




(Siegfried, vêtu grossièrement, un cor d’argent à son cou, accourt avec impétuosité. Il conduit un grand ours muselé d’un lien fait d’écorce d’arbre et le lance joyeusement sur Mime.)
Siegfried
(encore à l’extérieur).

Hoi-ho !

(entrant en scène).

Hoi-ho !
Mords-le ! Mords-le !
Mange ! Mange le sot forgeur !

(Mime laisse tomber l’épée, dans son épouvante, et s’enfuit derrière le foyer.)
Siegfried

(riant).

Ha ha ha ha ha !…

  1. Var. : Le glaive fort
    que j’ai martelé.