Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/254

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sans force il tombe en sommeil.
Par son propre glaive,
qu’il vient de se faire,
prompt, j’en déblaie mon chemin.
Je gagne l’anneau et l’or !

(Il se frotte les mains en signe de satisfaction.)

Hé ! Sage Voyageur,
suis-je si sot ?
Goûtes-tu, enfin,
mon beau savoir.
Ai-je bien trouvé le joint ?

Siegfried.

Nothung ! Nothung ! Glaive rêvé !
Il fond, ton acier broyé !
Ta vraie sueur te baigne enfin !

(Il coule le métal il en fusion dans un moule qu’il tient haut.)

Bientôt je vais te brandir !

(Il plonge le moule dans un vase empli d’eau. Jets de vapeur et sifflement du métal qui se refroidit.)

Dans cette eau je verse un flot de feu.
Rouge fureur siffle soudain !
Ardent, il coulait,
mais au froid de l’eau
cède son flux.
Plein, ferme et roidi
règne le dur acier !…
Sang qui brûle,
doit l’inonder !

(Il remet l’acier au feu et fait jouer le soufflet avec force.)

Mollis dans le feu
afin qu’on te forge,
Nothung, glaive rêvé !

(Mine bondit joyeusement, prend plusieurs vases dont il mélange le contenu dans une marmite et cherche à poser cette marmite sur le feu. — Sans interrompre son travail, Siegfried observe sa manœuvre.)
Siegfried.

Que fait le vieux balourd de ce pot ?
L’un fait l’acier, l’autre la soupe ?