Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/273

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Si je chante sa langue,
du coup, je saurai ce qu’il dit.

(Il court vers la source, coupe un roseau à l’aide de son épée et en fait un pipeau.) (Ecoutant.)

Il cesse, il guette :
eh bien, parlons lui !

(Il souffle dans sa flûte de roseau qui rend un son aigre et faux. Il s’arrête, retaille le roseau et s’efforce de mieux faire. Il secoue la tête, essaye de perfectionner encore son œuvre, souffle de nouveau, s’ingénie. Impatient, il serre le pipeau dans ses mains, recommence à souffler. La flûte rend un son toujours aigre, Siegfried s’interrompt en riant.)

Ça sonne mal.
Au roseau grossier
la douce chanson ne va pas !

Oiseau, vois-tu,
je reste sot ;
ton art est malaisé !
J’ai honte, vraiment,
de le voir ainsi qui m’écoute.
Il guette et ne peut comprendre.

(Jetant le pipeau loin de lui.)

Hei da ! Entends
ce chant de mon cor.
Le niais roseau
m’a servi trop mal.
Une fanfare
comme j’en sais,
joyeuse, te doit bien mieux plaire.
Ainsi j’appelais
un bon compagnon,
mais seuls parurent
des loups, des ours…
Or, aujourd’hui,
Voyons qui viendra,
si c’est qui j’espère, — l’ami ?

(Il a pris son cor d’argent à sa ceinture et lance une fanfare. En sonnant du cor, Siegfried considère l’oiseau avec bon espoir.)