Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/274

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(Mouvement au fond de la scène. Fafner sous l’aspect d’un colossal saurien, a quitté sa place dans l’antre. Il traverse les buissons et monte en se traînant vers la plateforme où tout l’avant de son corps parait déjà. Il pousse un formidable bâillement. — Siegfried se retourne, regarde Fafner avec surprise et rit.)
Siegfried.

Ah ! Ah ! Mon chant m’a valu
quelque chose d’aimable !
Tu fais un joli compagnon.

Fafner
(qui s’est arrêté à la vue de Siegfried).

Qu’est-ce là ?

Siegfried.

Hé ! puisqu’étant bête
tu sais parler,
peut-être vas- tu m’instruire ?
Quelqu’un ignore
ici la peur.
Peut-il de toi l’apprendre ?

Fafner.

As-tu trop d’ardeur ?

Siegfried.

Trop ou bien juste assez,
qu’en sais-je ?
Mais toi, gare à ta panse
ou me révèle la peur.

Fafner
(avec un rire).

Boire allais-je ;
on m’offre à manger.

(Il ouvre sa gueule et montre ses dents.)
Siegfried.

Quelle gueule coquette
montres-tu là ?
Une mâchoire
friande y rit !