Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/282

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Mime
(très ironique).

Compte qu’il va te le rendre !
Moi j’en ferai la conquête.

(Il s’échappe dans la forêt.)
Alberich.

Pourtant il faudra
qu’à son vrai maître il retombe.

(Il s’enfonce dans la crevasse.)
(Siegfried, sur ces entrefaites, rêveur et lent, est sorti de la caverne, tenant dans ses mains le tarnhelm (heaume magique) et l’anneau. Il considère sa prise en réfléchissant et s’arrête sur la plateforme.)
Siegfried.

Que valez-vous ?
Je ne sais.
Je vous ai pris,
cependant, au tas de l’or.
Un bon conseil m’y poussa.
Qu’au moins votre éclat
de ce jour témoigne.
Soyez les garants
que je fus de Fafner vainqueur,
mais qu’à craindre point n’ai-je appris.

(Il fixe le tarnhelm à sa ceinture et passe l’anneau à son doigt. Silence. Murmure croissant de la forêt, D’instinct, Siegfried cherche du regard l’oiseau et l’écoute en retenant son souffle.)
La Voix de l’oiseau de la forêt
(dans les branches du tilleul).

Hé ! Siegfried possède
le heaume et l’anneau !
Ah ! qu’il craigne Mime,
le gnome pervers !
Fausse sonne la voix
sur les lèvres du fourbe flatteur :
mais il peut saisir
ce que Mime lui veut.
Tel don vient du sang du dragon.