Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/283

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(L’air et les gestes de Siegfried montrent qu’il a tout bien compris. Il voit venir Mime et reste appuyé sur, son épée, observant en silence. Il ne quitte pas sa place jusqu’à la fin de la scène suivante.)
(Mime s’avance comme en rampant et surveille Siegfried de l’avant-scène.)
Mime.

Il songe et soupèse
son butin. —
Est-ce bien que l’Errant trop sage
vint par ici
séduire l’enfant
d’obscurs et louches dits ?
Deux fois fin
soit donc le nain !
Les pièges habiles
sont disposés.
Par de flatteuses paroles
vite je leurre l’enfant orgueilleux.

(Il s’approche de Siegfried et le salue en gestes caressants.)

Louange, Siegfried !
Dis, ô brave :
Fafner t’apprit la frayeur ?

Siegfried.

Nul maître ne me l’apprit

Mime.

Mais l’affreux dragon
l’as-tu mis par terre ?
Hé, quel plus sinistre gaillard ?

Siegfried.

Si rude et fauve qu’il fut
Sa mort me fâche un peu,
car maint drôle bien pire
vit encore à cette heure.
Qui me le fit tuer
me fait horreur plus que lui !