Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/300

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mais je l’ai su mettre à bas.
Si, toi, tu restes
et si tu me braves,
gare à toi, dis-je,
et crains de Mime le sort !

(Il s’approche davantage du Voyageur.)

Quel air as-tu donc ?
Pourquoi porter
un si grand chapeau ?
Sur tes traits, pourquoi
baisser ses bords ?

Le Voyageur
(toujours dans la même attitude).

C’est en marchant l’usage,
quand on a le vent contre soi.

Siegfried
(l’envisageant de plus en plus près).

Mais je crois qu’un œil te manque ?
Quelqu’un, bien sûr, te l’a fait sauter,
que ton aplomb, en chemin bravait ?
Pars maintenant,
sans quoi tu pourrais
de même perdre aussi l’autre.

Le Voyageur.

Je vois, mon fils :
bien qu’ignorant,
tu sais t’aider toi-même.
L’œil qui me manque,
c’est par lui qu’à présent,
tu vois toi-même cet autre
qui m’est pour guide resté.

Siegfried
(qui l’a attentivement écouté, laisse échapper un involontaire éclat de rire).

Ha ! ha ! ha ! ha !
Tu sais vraiment faire rire !