Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/302

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Siegfried.

Ho ! ho ! tu commandes !
Qui donc es- tu ?
pour m’arrêter ici ?

Le Voyageur.

Crains du rocher le maître !
Je tiens captive là-haut
la vierge qui dort.
Qui la réveille,
qui la possède,
jette à bas ma puissance.
D’un flot de feu
la vierge est cernée,
vagues de flammes
léchant le roc.
Qui vers elle court
se heurte au fauve brasier.

(De la pointe de la lance, il montre le haut du rocher.)

Lève les yeux !
Vois-tu ces clartés ?
L’éclat grandit,
le feu redouble ;
rouges fumées,
trombes de flammes,
roulent, et brûlent,
et grondent vers nous.
L’ardente mer
empourpre ton front.

(Des lueurs de feu, d’un éclat croissant, entourent le sommet du roc.)

Bientôt son feu mortel
va t’étreindre.
Arrière, jeune insensé !

Siegfried.

Arrière, toi-même, bavard !
Là où les flammes flambent,
vers Brunnhild je dois m’élancer !

(Il marche en avant. Le Voyageur se dresse devant lui pour lui faire obstacle.)