Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/303

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Le Voyageur.

Si du brasier, tu n’as peur,
j’oppose ma lance à tes pas !
Je garde en mes mains
l’entier pouvoir.
Le fer que tu tiens
ce bois l’a pu briser.
Qu’ici encor
le brise l’antique lance !

(Il tend sa lance.)
Siegfried
(saisissant son épée).

De mon père,
C’est toi l’ennemi ?
Joie des vengeances
que j’ai enfin !
Pousse l’épieu :
qu’il vole en deux sous mon fer !

(D’un coup d’épée, il brise en deux la lance du Voyageur. De l’arme qui se rompt sort un étincelant éclair qui va frapper le sommet du roc où l’embrasement grandit, maintenant, de plus en plus. Un violent coup de tonnerre aussitôt amorti, a suivi l’éclair. — Le Voyageur ramasse tranquillement à ses pieds le tronçon de sa lance. )
Le Voyageur.

Va donc ! Je quitte la place !

(Il disparaît dans une ombre épaisse.)
Siegfried.

Ramassant son arme,
prompt, il m’échappe ?

(Le grandissant éclat des nuages embrasés qui roulent et descendent de plus en plus, frappe les yeux de Siegfried.)

Ah ! Feu radieux !
Claire splendeur !
Large et brillante
s’ouvre ma route.
Plonger en ces flammes !
Aux flammes trouver
la fiancée !