Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/312

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Il rompit armure et heaume.
Brunnhilde est loin de moi !

Siegfried.

O vierge, ici,
tu rêves toujours.
Brunnhilde encore
songe en sommeil…
Réveille-toi,
sois une femme !

Brunnhilde
(dans un étourdissement).

Mes sens me trahissent !
Ma science fuit.
Sans elle vais-je vivre ?

Siegfried.

Toi-même n’as-tu pas dit
qu’elle est l’éclat de ton amour pour moi ?

Brunnhilde
(les yeux fixes devant elle).

L’ombre funèbre
voile mes yeux.
Ma vue se trouble :
mon jour s’éteint.
L’ombre est sur moi.
De nuit et d’horreur
monte et surgit un effroi confus.
Peur sans trêve
se dresse et bondit.

(Brunnhilde se couvre les yeux de se mains. Doucement, Siegfried écarte les mains de Brunnhilde.)
Siegfried.

L’ombre pèse
aux yeux qu’on ferme.
Les ouvrir
en chasse l’obscur effroi.
Sors des ténèbres, et vois !
Clair et beau brille le jour !