Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/311

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Brunnhilde
(d’une grande mélancolie).

Je vois la cuirasse
où brille l’acier ;
un glaive aigu l’ouvre en deux,
et du corps virginal
l’armure s’en va !
Je suis sans soutien,
sans force, à merci,
et rien qu’une femme !

Siegfried.

Du fauve brasier
j’arrive vers toi.
armure, cuirasse,
moi, je n’ai rien.
Aussi, la flamme
pénètre en mon sein.
Mon sang bondit
et roule, embrasé.
Un rouge incendie
en moi se déchaîne.
Du feu qui, là bas,
garde ton roc,
l’ardeur a brûlé mon cœur !
O femme, éteins ce brasier !
calme sa folle fureur !

(Il la saisit passionnément. Elle le repousse avec une force désespérée et se réfugie de l’autre côté de la scène.)
Brunnhilde.

Nul dieu ne m’approcha !
Le front courbé, les braves m’honorent.
Sainte, j’ai quitté le Walhall !
Las ! las !
Honte pour moi !
Détresse et mépris !
Par lui, je souffre,
lui, l’éveilleur.