Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
La flamme gardienne à leur pied.
(L’éclat des flammes se rapproche. — Des langues de feu, de plus en plus ardentes, lèchent le bord du rocher.)
Pourquoi, grondantes,
bouillonnent ces vagues de feu ?
Vers l’âpre crête
roule le fleuve embrasé.
(Un cor résonne au fond du théâtre — avec un tressaillement d’émotion.)
Siegfried !
Siegfried revient !
Son appel monte vers moi !
Là ! là ! que je vole
vers mon seul dieu, à moi !
(Elle s’élance, exaltée, vers la crête du roc. Des flammes jaillissent. Siegfried en émerge et saute sur la saillie d’une haute roche. — Les flammes s’arrêtent et reculent vers la profondeur. On ne voit plus que leurs reflets.)
Trahison !
(Elle recule, terrifiée, jusqu’à l’avant-scène d’où elle considère Siegfried dans une stupeur muette. Siegfried a sur le front le Tarnhelm qui lui dérobe le visage, ne laissant que les yeux à découvert. Il a pris l’aspect de Gunther.)
Qui vient à moi ?
(Siegfried, toujours au fond, sur la roche, immobile, appuyé sur son bouclier, regarde Brunnhilde.)
Siegfried.
(d’une voix déguisée, plus sombre).
Brunnhilde, un homme est là
qui, des flammes, n’a point peur.
Toi, je te prends pour femme ;
donc fais ce que je veux.
Brunnhilde.
(avec un tremblement violent).
Quel est celui qui peut se faire
du plus fort ainsi l’égal ?
Siegfried.
(comme précédemment).
Le maître qui te tient
par force aura raison.