Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
–––––––qu’au jour fatal on vous prit.
(Elle a passé l’anneau à son doigt et s’est tourné vers le bûcher où le cadavre de Siegfried est déjà étendu. Elle arrache a un homme une grande torche allumée et la brandit vers l’horizon.)
–––––––––Corbeaux, vers Wotan !
–––––––––Faites lui connaître
–––––––––les choses dites ici[1]
–––––––––De Brunnhild’ le roc
––––––––––flamboie encor !
––––––––––Que votre fuite
––––––––guide Loge au Walhall,
––––––––––car des dieux
–––––––––la nuit finale descend.
––––––––––Tel soit embrasé
–––––––––le Walhall, burg éclatant !
(Elle lance la torche dans le bûcher, d’où s’élève aussitôt une vive flamme. Les deux corbeaux qui se sont envoles du rivage disparaissent vers le fond.[2] — Deux jeunes hommes amènent le cheval Grane, elle s’élance vers lui, lui enlève la bride et s’appuie familièrement sur son encolure.)
––––––––––Grane, ami,
––––––––––salut à toi !
–––––––––Sais-tu bien, ami
–––––––––où, moi je te mène ?
–––––––––Aux rouges flammes
–––––––––gît ton seigneur,
––––––––Siegfried, mon noble héros !
–––––––––Heureux de le suivre,
–––––––––t’entends-je hennir de joie ?
––––––––––Est-ce l’appel
–––––––––des flammes rieuses ?
––––––––––Dans ma poitrine
––––––––––sens quelle ardeur !
––––––––––Claire flamme
–––––––––au cœur me jaillit.
––––––––––Lui, l’étreindre,
  1. Var. : Corbeaux, en hâte ! Sache votre maître les choses dites ici !
  2. Ici se trouvent dans le poème deux strophes d’une grande importance en ce qu’elles résument le sens et la moralité du drame, mais que Richard Wagner n’a pas mises en musique. Nous les donnons en appendice, à la fin.