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Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/175

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DES CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES ni

espéré ? Elle est bien de cette époque qui ne put réaliser qu’à travers tant de douleurs et d’incertitudes le plus magnifique idéal.

C’est dans une autre légende, celle de Kunégonde, qu’il faut chercher l’immédiate transposition du mythe de Brùnnhild.Kunégonde, voilà, distincte du Moyen-Age, la Walkùre des Eddas. Couchée au sommet d’un roc escarpé, il fallait que celui qui la voulait conquérir gravit à cheval cette pente vertigineuse. Bien des Chevaliers périrent. Enfin, il parut, le Héros. Mais, comme Siegfried, il méprisa le prix de son exploit et la Dédaignée se précipita dans le gouffre. Cette légende nous semble plus précise que celle de Lore-Ley. La fée du Rhin invoque la venue de l’amant, à la manière des jeunes filles dont le fiancé était à la croisade. Tout autre, tout à fait en dehors du Moyen-Age, est la conception de l’amour dans la légende de Kunégonde : l’amour est, là, sauvage, hautain. Ce n’est plus la fée mélancolique, vague dans la sérénité bleuâtre des nuits d’été, la fée vagabonde qui voudrait fixer et reposer sur un cœur pur son cœur éternellement incertain ; mais c’est la guerrière violente, vermeille en la clarté des sommets qui lui font un piédestal, la guerrière dont il faut, pour en être aimé, ployer l’orgueil primordial. Et n’est-ce pas comme la tristesse d’un ~a~arc~eAe/

d’une fin du monde, cette irréalisation du secret et suprême Désir qui couvait pourtant au cœur farouche de la vierge ?

Mais, dominant la confusion de ces contes, que l’on pourrait appeler la menue monnaie panthé’stique des palingênésies, dominant le tourbillon des nains, des koboldea, des sylphes, des ondines, des femmes-cygnes, des fées et des chevaliers errants, voici des contours plus vastes, des légendes plus profondes et qu’anime l’âme même des anciens mythes. L’immense symbole de l’Anneau, après avoir signifié, peur les peuples de