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Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/181

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DKS CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES IT ?

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L’artiste choyé de l’époque, c’est Hans Sachs, le bon meistersanger de Nuremberg, le poète de la Réforme, cordonnier de son état. Ce qui l’a sauvé de l’oubli, c’est d’avoir traduit des psaumes pour le culte réformé. La gloire ne coûtait pas cher, alors Wagner, dans ses

~fa~yes-C’Aa~CMrs, a caressé le type de ce Hans Sachs, cela bien forcément. S’ill’eût pris tel que l’histoire nous le donne, solennel et pédant cordonnier-poète, personne n’eût supporté ce savetier de Pathmos. La Réforme aboutit à la Guerre de Trente-Ans. L’Allemagne perdit tout dans cette guerre, son vieil esprit et son indépendance. Lorsqu’elle sortit, exténuée, de la lutte, lorsqu’elle voulut se ressaisir, ce fut une inexprimable stupeur ; elle se recoucha, désespérée, dans les ténèbres. Une lueur, pourtant, pointait au loin il y avait des splendeurs, là-bas le soleil du grand siècle se levait sur l’Europe. Un de ces rayons toucha la vieille Allemagne défaillante. L’Olympe auroral prêtait sa lueur au Walhall crépusculaire. L’Allemagne se ranima un peu dans cette clarté. Au bord de l’apothéose do Versailles elle s’assit, triste, oppressée de souvenirs qu’elle devait taire. Il lui fallut imiter, suivre le goût de ce siècle qui n’était pas son siècle. Elle eut aussi ses poètes à perruque, les Hagedorn, les Gellert, les Weiss ; mais son cœur ne les comprenait point et, pour comble de malheur, son Louis XIV, à elle, son Frédéric, devait laisser dans cet exil le génie allemand, imposer à la patrie du mysticisme le scepticisme de Voltaire. Mais ce délaissement même est favorable ivla maturation de la véritable pensée germanique. Ignorée, elle n’en est que plus indépendante

elle peut, sans entra-

ves, se mettre à la recherche des sources perdues depuis la Renaissance, et, quand elle les a retrouvées y puiser à loisir les forces qui bientôt s’épanouiront dans les grandes œuvres des Lessing, des Kiopstock, des Gœthe et des SchUlcr. C’est l’Angleterre qui la