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Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/50

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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

sujets historiques, peuvent à la rigueur n’avoir rien à perdre à l’intervention de l’harmonie, de la mélodie, de la symphonie, l’Histoire, les sujets historiques, ont encore moins à y gagner ? Qui ne voit que si la Musique, sans nul doute, est une langue, cette langue, loin d’être faite pour de pareils sujets, loin d’être apte à nous représenter les résultats de l’analyse intellectuelle, - bien plus, loin d’être intelligible au moyen des lois de la logique, - ne saurait être, au contraire, que l’écho synthétique de toute la Vie en son essence, impénétrable à l’analyse ; ou encore, l’écho spontané des impressions - les plus profondes - de l’humaine sensibilité ? Or précisément la Légende, pour le musicien comme pour le poète, a sur l’Histoire cet avantage de comprendre, à quelque nation qu’elle appartienne, à quelque époque qu’elle appartienne, ce que cette époque et cette nation ont de plus profondément humain, d’universellement éternel et, ballade ou refrain populaire, de l’offrir. sous une forme originale très vive, très colorée, assez saillante pour être tout entière perçue, du premier coup, sans réflexion, par l’intelligence la moins cultivée (1). Aussi l’auteur d’un Drame à sujet légendaire peut-il, favorisé qu’il est par la simplicité de l’action, par sa marche, dont l’œil embrasse sans difficulté toute la suite, négliger toute explication d’une foule d’incidents extérieurs ; et, les actes humains par ainsi dépouillés de leurs apparences conventionnelles, affranchis du temps et de l’espace, consacrer du poème la plus importante part au développement, non pas de l’intrigue, mais des motifs intimes, psychologiques, du drame, seuls intéressants pour le cœur (2).

Il ne faudrait pas croire, d’ailleurs, qu’à Wagner se

(1) Cf. Lettre sur la Musique, éd. nouv., p. LVIII. (2) Cf. p. LIX.