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Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/98

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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

s’approcher des nuances infiniment profondes et délicates de cette mélodie qui donne à son expression, au moyen d’une seule modulation harmonique, la plus pénétrante énergie. La forme étroite de la mélodie d’opéra, qui s’imposait à lui autrefois, ne le réduira plus à donner pour tout travail un canevas sec et vide au contraire, il apprendra du musicien un secret qui reste caché au musicien lui-même, c’est que la mélodie est susceptible d’un développement infiniment plus riche que la symphonie elle-même n’a pu jusqu’ici lui permettre de le concevoir ; et, porté par ce pressentiment, le poète tracera le plan de ses créations avec une liberté sans limite (1).

« Peut-être trouverez-vous, ajoute Richard Wagner, que plusieurs parties

de tels poèmes entrent

trop

avant dans le détail intime, et, si vous consentez à autoriser ce détail chez le poète, vous aurez peine à comprendre comment il a osé le donner à interpréter au musicien (2). Mais à cela je fais immédiatement une réponse si. les vers étaient calculés, dans n’importe quel libretto,

pour qu’une fréquente répétition des phrases et des paroles, qui étaient le support de la mélodie, donnât au poème l’extension que réclamait cette mélodie il n’en est plus de même [pour le R~J là, « fM~CM~o~ musicale.

n’offre plus une seule

répétition de paroles, le tissu des paroles a toute l’étendue destinée à la mélodie ; en un mot, cette mélodie est déjà construite poétiquement. S’il était arrivé que mon procédé eût en général réussi, peut-être cela seul suffirait-il pour obtenir. le témoignage que ce

procédé a produit une fusion infiniment plus intime du poème et de la musique que les procédés antérieurs. S’il m’était permis d’espérer, en même temps, que vous (t) Lettre lur la Musique,pp. LXXI-LXXII. (2)Id., p. LXI.