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WOGLINDE remonte, d’un bond, sur un roc à l’écart.

Et maintenant, tout en baut !

(Toutes rient.)
ALBERICH

Renchéri de poisson ! comment le prendre au bond ? Attends, perfide !

(Il s’apprête à grimper vivement à sa poursuite.)
WELLGUNDE, qui s’est placée sur un autre rocher, situé plus profondément.

Heya ! Mon doux ami ! n’entends-tu pas ma voix ?

ALBERICH, se retournant.

C’est toi qui m’appelles ?

WELLGUNDE

Mon conseil est bon : viens de mon côté, laisse là Woglinde.

ALBERICH saute avec prestesse sur le sol, et court à WELLGUNDE.

Tu es bien plus belle que cette sauvage-là[1]. – Plonge seulement plus au fond, si tu veux m’être bonne ?

WELLGUNDE, descendant un peu plus.

A présent, suis-je à ta portée ?

ALBERICH

Pas assez ! Jette tes souples bras autour de moi, que je puisse te lutiner, toucher ta nuque, te caresser, me serrer étroitement contre toi, contre la poitrine palpitante, avec tendresse, avec passion ![2]

  1. Littéralement : « Bien plus belle es-tu que cette sauvage-là, — cette moins brillante — et trop fort glissante. »
  2. On pourra comparer ce passage, d’une si chaude sensualité, avec certaines phrases des chants dialogués des Bayadères, notamment l’Entretien d’un Homme et d’une Femme en route (Chants populaires du Sud de l’Inde, traduction et notices par E. Lamairesse, 1868).