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WELLGUNDE

Es-tu si amoureux, si assoiffé de plaisir ? Voyons d’abord, mon cher, comment tu es tourné ? Pouah ! veru ! Pouah ! bossu ! Le gnome noir ! L’affreux nain-du-soufre ! Cherche une amante à qui tu plaises !

ALBERICH cherche à la retenir de force.

Je ne te plais pas, soit ! mais je te tiens.

WELLGUNDE, d’un bond, s’élanca sur le roc du milieu.

Tiens-moi bien, je pourrais t’échapper !

ALBERICH, irrité, l’invectivant.

Fille perfide ! Froid poisson, qu’on ne sait par où saisir ![1] Si tu ne me trouves pas beau, charmant, plaisant, mignon, brillant, et si ma peau te dégoûte, eh bien ! va-t’en faire l’amour aux anguilles !

FLOSSHILDE

Qu’as-tu à gronder, Alfe ?[2] Si vite découragé ? Tu n’as demandé qu’à deux ! La troisième, si tu lui parlais, si tu l’aimais, te réserve une douce consolation !

  1. Cette traduction explicative s’autorise de dictons allemands. Littéralement : « épineux poisson » ; ou plutôt : « poisson plein d’arêtes. »
  2. « Alp ». — Alfes (alfr, alfar) en Alfes-de-Lumière et en Alfes-Noirs. C’est des derniers (qu’on a souvent comparés, à tort ou à raison, avec les arbhas de la mythologie védique, et qu’il faut se garder de confondre avec les « Elfes » d’Irlande, d’Écosse, etc.) c’est des Alfes-Noirs, donc, qu’Alberich fait partie. — On l’a vu ci-dessus nommé : « gnome ». Là, ainsi que dans tout le poème, le terme exact eût été « dvergue » (Zwerg) : mais ces nuances mythographiques étaient d’un intérêt trop mince pour me retenir de préférer le vocable « gnome », plus rythmique, et, d’ailleurs, moins déconcertant. — Cf. la note (1) de la p. 434 .